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sabato 9 marzo 2013

Égypte - Les conditions de vie des réfugiés se détériorent suite aux troubles

IRIN
Des demandeurs d’asile en Égypte
LE CAIRE, 4 mars 2013 (IRIN) - Osman Sheshy*, un réfugié érythréen de 26 ans installé dans la capitale égyptienne, se rappelle avec émotion du jour où, il y a trois mois, un riche Égyptien lui a offert 50 livres égyptiennes (7,3 dollars) pour faire le ménage dans sa villa. 

Depuis, il n’a pas retrouvé de travail, et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Il passe ses journées à taper aux portes des maisons, des entreprises, des usines et des ateliers à la recherche d’un emploi. 

« Il faut que je travaille pour nourrir ma famille, mais il est devenu impossible de trouver un emploi ici », a dit à IRIN ce père de deux enfants. « Nous nous contentons d’acheter les aliments de base, mais c’est de plus en plus difficile ». 

L’instabilité politique et la profonde crise économique en Égypte, qui a enregistré une baisse du tourisme et des investissements, ainsi qu’une augmentation des prix alimentaires, affectent les communautés les plus vulnérables

Au mois de janvier, l’inflation a augmenté de 1,7 pour cent, selon la Banque centrale d’Égypte. Le taux d’inflation annuel est de 6,3 pour cent. 

Selon des groupes de défense des droits des réfugiés africains, les réfugiés et les migrants sont régulièrement victimes d’arrestations arbitraires et d’enlèvements ; ils ont également des difficultés à se nourrir et à payer leur loyer. 

« Les conditions de vie des réfugiés en Égypte se sont dégradées après la révolution », a dit Aly Mahmud, réfugié soudanais et fondateur de la Makarem African Society, une organisation non gouvernementale (ONG) qui aide les réfugiés à trouver du travail. 

« L’économie égyptienne tourne au ralenti, les réfugiés ont de plus en plus de difficultés à gagner leur vie ou à vivre dans la dignité ». 

En janvier 2013, le nombre de réfugiés africains officiellement enregistrés en Égypte s’élevait à 35 180, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). 

La plupart des réfugiés et des migrants économiques africains vivent dans les quartiers les plus défavorisés du Caire, partageant des toilettes et des couloirs sales avec les citoyens égyptiens les plus pauvres. 

« Les réfugiés ont été affectés de la même façon que les Égyptiens », a dit à IRIN Elizabeth Tan, Représentante adjointe du HCR dans la région. « Les réfugiés se plaignent régulièrement de la hausse de la criminalité et de l’augmentation du coût de la vie ». 

Pas d’argent 

Selon Abdullah Hanzal, directeur de l’ONG d’aide aux réfugiés « Sudan Centre for Contemporary Studies », des études réalisées en janvier ont montré que la plupart des Africains réfugiés en Égypte avaient perdu leur emploi depuis la révolution. 

« Les conditions de vie des réfugiés en Égypte se sont dégradées après la révolution », Aly Mahmud, réfugié soudanais et fondateur de la Makarem African Society
« Les réfugiés qui travaillent comme vendeurs de rue ont dit qu’ils passaient davantage de temps dans la rue pour vendre leurs produits », a dit M. Hanzal. « Et l’argent qu’ils gagnent lorsqu’ils vendent toute leur marchandise ne leur permet pas d’acheter suffisamment de nourriture pour leur famille ». 

Trois amis d’Aly Mahmud, fondateur de la Makarem African Society, n’ont pas réussi à réunir 200 livres égyptiennes (29 dollars) pour louer une chambre dans le quartier défavorisé d’Ard Al Liwa, situé dans le gouvernorat de Gizeh, et ont été jetés à la rue. 

« Ils passent leurs nuits dans des cafés et leurs journées dans des jardins publics », a dit M. Mahmud. « Mes trois amis sont célibataires, mais la situation est encore plus difficile pour les familles de réfugiés qui n’arrivent pas à payer leur loyer ». 

Les groupes d’aide locaux sont eux aussi confrontés à des difficultés, a dit Tareg Nour, directeur exécutif de Tadamon, une ONG qui travaille en faveur de l’aide sociale aux réfugiés marginalisés. « L’argent n’arrive plus, car les bailleurs de fonds ne veulent plus financer les organisations qui interviennent dans les pays instables ». 

Le HCR indique que le nombre de demandes d’aide financière déposées par les réfugiés a sensiblement augmenté après la révolution. L’organisation apporte une aide financière à seulement 25 pour cent des 35 180 réfugiés africains. 

« Malheureusement, le budget du HCR n’a pas augmenté et ne permet pas de faire face à l’augmentation du coût de la vie », a dit Mme. Tan. « Mais l’agence soutiendra les initiatives développées par les communautés locales pour renforcer l’autonomie et soutenir les efforts de génération de revenus réalisés par les réfugiés ». 

Vols d’organes 

M. Hanzel indique que les réfugiés et les migrants économiques africains sont exposés aux formes d’exploitation les plus brutales, y compris le vol d’organe. 

« Une augmentation significative – liée au fait que les vendeurs profitent des mauvaises conditions de sécurité en Égypte – du nombre de vols d’organes a été enregistrée après la révolution », a dit Bashir Suleiman, un rapporteur de la Coalition for Organ-Failure Solutions (COFS), une ONG internationale qui identifie les victimes de trafics d’organes et essaye de leur fournir une aide à long terme. 

« La plupart des réfugiés sont dupés par les trafiquants d’organes qui vivent parmi eux », a-t-il dit à IRIN. 

Mme. Tan a indiqué que le HCR avait pris connaissance des rapports sur le trafic d’organes en Égypte et avait entamé un dialogue avec le gouvernement. « Les réfugiés sont particulièrement vulnérables à ce genre d’exploitation », a-t-elle dit.

« Malheureusement, bon nombre des réfugiés qui viennent nous voir ont été victimes d’un vol d’organe, parfois même sans le savoir », a dit M. Suleiman. « Les reins, les tissus, l’utérus et les ovaires des réfugiés sont parmi les organes les plus recherchés ». 

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